Industrie de défense

Industrie de défense

Propre à chaque État qui en définit le cadre légal et son rôle, l’industrie de défense, par son insertion dans la globalisation économique, tend aujourd’hui à

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La structure

La direction et la recherche La planification des projets de défense et l’application des directives gouvernementales reviennent au ministère de la Défense. Il est

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Les origines et la structure de l’industrie de défense chinoise

Les racines de l’industrie de défense chinoise 

Après la victoire des communistes de Mao Tsé-toung sur les nationalistes de Chang Kaï-chek en octobre 1949, le nouveau régime a considéré comme prioritaire la constitution d’une industrie de défense. Bâti sur le modèle soviétique et très centralisé depuis le premier plan quinquennal, ce système jouait un rôle important en concentrant toutes les capacités de production d’une économie encore faible sur un objectif, le développement d’une industrie de défense, de ses capacités de recherche et de sa production. Les entreprises de défense détenues par l’État employaient de nombreux scientifiques et techniciens qualifiés, des équipements de haute technologie et des usines bien équipées. Mais en temps de paix, sans quotas de production, la productivité était faible et les besoins même minimums n’étaient pas couverts.

Comme en URSS, la production de munitions était satisfaisante, mais l’industrie civile était sacrifiée. La Chine a consacré ses efforts à développer la bombe A, la bombe H, les satellites et les sous-marins nucléaires tandis que le reste de l’industrie était touché par des coûts de fonctionnement élevés, une faible productivité, des produits de faible qualité et les autres programmes de recherche ont été mis de côté pendant des années. De plus, l’État était responsable des profits et pertes, il fournissait les entreprises, achetait les produits et fixait les prix. Les entreprises étaient dépendantes de lui et les travailleurs dépendaient des entreprises.

Des années 1960 aux années 1970, le complexe militaro-industriel va s’étoffer et bénéficier de la politique dite de la « troisième ligne de défense », particulièrement pendant la Révolution culturelle. Sous la férule de Mao Tsé-toung, les militaires déplacèrent de nombreuses usines à l’intérieur des terres, notamment dans les provinces de Chine centrale pour constituer des sites militaro-industriels à l’abri d’éventuelles agressions, américaines le long du littoral ou soviétiques sur les frontières terrestres, mais aussi pour mettre en valeur les régions enclavées. Ces usines fabriquaient exclusivement des armes et de l’équipement, de l’électronique, du plastique ou des métaux à destination de l’armée. Elles étaient réimplantées dans des régions reculées, généralement montagneuses, loin des axes de transport ou des sources d’électricité. Elles achetaient des biens aux usines locales à des prix fixés par l’État, fabriquaient les armes et les vendaient à l’armée à prix, eux aussi, fixés. Lors du lancement des « Quatre modernisations », l’industrie de défense n’était plus définie comme une priorité et elle dut se restructurer pour s’intégrer dans l’économie nationale et internationale.

La structure et son évolution

La COSTIND

En 1982, après la cinquième Assemblée nationale populaire, fut créée la Commission Scientifique, Technique et Industrielle de la Défense Nationale (Commission of Science, Technology, and Industry for National Defense, COSTIND) d’une fusion entre la Commission Scientifique et Technologique de la défense (Defense Science and Technology Commission, DSTC), du Bureau national de l’industrie de défense (National Defense Industry Office, NDIO) et de la commission de l’équipement scientifique et technologique (Science, Technology, and Equipment Commission, STEC) de la Commission militaire centrale (CMC). Cet organisme occupait une position unique dans le gouvernement de la République populaire de Chine avec un pied dans l’industrie civile de la défense sous la direction du Conseil des affaires d’État mais elle était également liée avec l’Armée populaire de libération qui dépendait de la CMC.

La COSTIND était chargée de coordonner les besoins de l’APL avec les entreprises publiques de la défense regroupées sous son égide, et de centraliser la direction de ces entreprises pour les rendre plus efficaces. Elle répondait uniquement au Conseil des affaires d’État et à la CMC et avait en charge la recherche-développement, la conduite des essais et la production dans six domaines : électronique, nucléaire, aéronautique, armement, construction navale et aérospatiale.

La COSTIND administrait cinq grands groupes, qui eux-mêmes possédaient de très nombreuses filiales.
– Corporation nationale chinoise du nucléaire (China National Nuclear Corporation, CNNC)[1]China National Nuclear Corporation, http://en.cnnc.com.cn/ créée en mai 1982.
– Corporation chinoise de l’industrie et de l’équipement militaire (China Ordnance Industry Corporation, COIC), plus connue sous le nom d’une de ses filiales, NORINCO, une entreprise créée au début des années 1980.
– Société nationale chinoise de construction navale (China State Shipbuilding Corporation, CSSC)[2]China State Shipbuilding Corporation, http://en.cssc.net.cn/, créée en 1982 par le regroupement de 58 entreprises du secteur.
– Société aérospatiale chinoise (China Aerospace Corporation, CASC)[3]China Aerospace Corporation, http://english.spacechina.com/n16421/index.html
– Industries aéronautiques chinoises (Aviation Industries of China, AVIC)[4]Aviation Industries of China, https://www.avic.com/en/?PC=PC, plus de 200 entreprises qui emploient environ 450000 personnes en 2005.

Elle avait aussi pour mission de collecter des informations sur les technologies étrangères à l’aide de ses deux Think tanks, le Centre national chinois d’information sur les sciences et technologies de la défense (China National Defense Science and Technology Information Center, CDSTIC) et l’Association chinoise de l’utilisation pacifique des technologies militaires (China Association for Peaceful Use of Military Industrial Technology, CAPUMIT). Elle avait également en charge de négocier les possibilités de transfert de technologie et de créer des joint-ventures, ce qu’elle a fait avec plus de mille entreprises étrangères. L’État chinois a pu ainsi acquérir des technologies, faire de la sous-traitance et réexporter des produits pour des firmes étrangères. Mais, protégées de la compétition pour des raisons politiques et sécuritaires, ces entreprises publiques et leurs filiales manquaient d’efficacité malgré l’emploi de plus de 10 % de la main-d’œuvre industrielle[5]Reform of China’s Defense Industry, http://www.fas.org/nuke/guide/china/doctrine/zhenhuan.htm. Aussi malgré cette première réforme, le secteur faisait toujours face à des lourdeurs administratives, des problèmes institutionnels (peu d’innovation, mauvaise gestion des projets qui conduisaient à d’importants retards et des difficultés pour leur intégration dans l’armée) et la plupart n’étaient pas rentables et accumulaient les dettes. Ces obstacles menaçaient la modernisation de l’APL et une nouvelle réforme commença à la fin des années 1990.

En mars 1998, après la neuvième Assemblée nationale populaire, la COSTIND devint un ministère et un quatrième département général de l’APL fut créé en avril, le Département général de l’armement (General Armaments Department, GAD). La COSTIND garda toutes les activités civiles et les activités militaires passèrent sous la supervision du GAD qui dépendait de la CMC. Le but de ce changement institutionnel était double, premièrement de réformer la gestion de l’industrie de défense pour accroître son efficacité et sa compétitivité et deuxièmement, de créer un système plus rationnel pour la production et la fourniture à l’APL d’équipements militaires à travers le GAD.

La nouvelle COSTIND était maintenant uniquement sous la direction de civils et fut formée par le regroupement de trois administrations, le Département de la défense nationale dépendant auparavant du ministère des Finances, la Commission du plan, et les administrations de cinq entreprises publiques de l’industrie de défense (CNNC, COIC, CSSC, CASC, AVIC). Son rôle était de définir les objectifs et le type de production, mais aussi de contrôler et d’améliorer les productions civiles qui sortaient de leurs usines. La nouvelle direction était assurée par un ministre et six vice-ministres, la première à siéger était composée de l’ancien vice-ministre des Finances, de l’ancien directeur de la commission du plan et des directeurs des cinq grandes entreprises, soit tous les décideurs réunis en une seule structure de direction, au lieu de trois, qui assumait désormais des prérogatives autrefois gouvernementales. En juillet 1999, les cinq grands groupes furent chacun divisés en deux compagnies distinctes pour briser les monopoles et promouvoir la compétition, les jungong qiye.

Les nouvelles entreprises publiques, jungong qiye

Jusqu’en 2018, la CNNC fut divisée en deux entités, le Groupement des industries chinoises du nucléaire (China Nuclear Industrial Group, CNIG) et la Société chinoise de construction et d’ingénierie nucléaire (China Nuclear Engineering and Construction Group, CNECG). La CNIG gérait les centrales nucléaires, la Recherche-développement dans ce domaine, la prospection et l’acquisition de combustible nucléaire tandis que la CNECG s’occupait des projets de construction des centrales. Du groupe COIC émergèrent la Corporation chinoise des industries de l’armement (China Ordnance Industry Group Company, COIGC) et la Corporation chinoise des industries de l’équipement militaire (China Ordnance Equipment Industry Group Company, COEIGC). Dans le cas de la CSSC, la Corporation chinoise de l’industrie navale (China Shipbuilding Industry Corporation, CSIC), 170000 employés en 2005, reçut une partie des industries de la CSSC (95000 employés en 2005) qui continua d’exister.

Quant à la CASC, elle fut également divisée en deux entités, la Société chinoise d’ingénierie en aéronautique et en électronique (China Aerospace Machinery and Electronics Corporation, CAMEC) et la Société chinoise des technologies et des sciences spatiales (China Aerospace Science and Technology Corporation, CASC). En 2001, la CAMEC devint la Corporation des industries chinoises des sciences de l’aérospatiale (China Aerospace Science and Industry Corporation, CASIC) qui comptait environ 100000 employés et 140 entreprises en 2004, 100000 pour la CASC à la même date. L’AVIC fut divisée en AVIC-1 (104 entreprises et 280000 employés) et AVIC-2 (79 entreprises et 220000 employés). En octobre 2008, les deux groupes furent à nouveau réunis dans la Société chinoise de l’industrie aéronautique (China Aviation Industry Group Corporation, CAIGC).

En plus de ces dix entreprises, on trouve une myriade de petites structures, des usines, des centres de recherche et filiales. La structure connut une nouvelle réforme en 2008 ou le Ministère de l’Industrie et de l’Information Technologique (MIIT) vit le jour en juin. La COSTIND devint l’Administration d’état pour la science, la technologie et l’industrie de la défense nationale (State Administration for Science, Technology and Industry for National Defense, SASTIND) et dépendait maintenant du MIIT parmi 23 autres départements. Cette nouvelle structure gardait ses activités de recherche-développement en partenariat avec les entreprises gérées par le GAD pour fournir des équipements à l’Armée populaire de libération, mais elle perdait son statut de ministère pour devenir une simple administration. Il perdit la gestion de l’énergie nucléaire qui passa sous le contrôle d’une nouvelle entité, la Commission nationale de l’énergie (National Energy Commission, NEC).

Le Département général de l’armement de l’APL ou GAD

À la différence de la réforme de la COSTIND, l’annonce de la naissance du GAD n’eut pas lieu à l’issue de l’assemblée populaire, mais lors de la réunion de la CMC en avril 1998. Le général Cao Gangchuan en fut le premier directeur. Auparavant, il était le directeur de l’ancienne COSTIND dont il fut l’un des plus grands critiques à cause de ses échecs répétés. Avant de l’intégrer, il servait dans l’état-major général de l’APL (General Staff Department, GSD), c’est lui qui a négocié la vente de missiles balistiques Df-3 à l’Arabie saoudite en 1998. Le GAD prit la relève de la section d’équipement de l’état-major de l’APL ainsi que d’autres institutions et usines auparavant sous la direction des deux autres départements. Avec ses sous-départements, il doit superviser le développement, la production et la maintenance de tous les armements. C’est lui qui défend la position chinoise lors des négociations internationales sur la non-prolifération ou les traités d’interdiction ou de limitation d’armes. Il gère aussi l’exportation d’armes, y compris du matériel nucléaire.

Centres d’essai et d’entrainement du GAD
– Centre de commandement de Pékin
– 021 Base du Nord-Ouest, Centre d’essai Nucléaire de Lop Nur
– 023 Base de Shanghai, Centre de test maritime
– 024 Base de Taiyuan, Lancement de satellites
– 026 Base de Xichang, Lancement de satellites
– 029 Centre de recherche-développement aérodynamique
– 031 Base de Baicheng, Centre des tests d’armes

Données de 2012, mise à jour en cours.

Références

Références
1China National Nuclear Corporation, http://en.cnnc.com.cn/
2China State Shipbuilding Corporation, http://en.cssc.net.cn/
3China Aerospace Corporation, http://english.spacechina.com/n16421/index.html
4Aviation Industries of China, https://www.avic.com/en/?PC=PC
5Reform of China’s Defense Industry, http://www.fas.org/nuke/guide/china/doctrine/zhenhuan.htm