Le sous-continent et la baie du Bengale sont au cœur du système de sécurité indien tandis que l’Himalaya fait figure de frontière naturelle entre les mondes indiens et chinois. La décolonisation, la guerre froide et les troubles que connaîtra la région depuis l’indépendance de l’Inde et la constitution de la République populaire de Chine en feront le premier sous-ensemble ou les influences indienne et chinoise entreront en concurrence. L’Asie du Sud et sa périphérie sont à la fois une région marquée par des antagonismes persistants, mais aussi une aire géographique disposant d’un potentiel de développement impressionnant, postée sur des lignes maritimes parmi les plus fréquentées, non dénuée de ressources et une porte d’entrée vers d’autres régions en pleine expansion, l’Asie du Sud-Est et l’Asie orientale. Cependant, l’Inde et la Chine sont ici très attentives quant à leurs avancées respectives.
L’Himalaya est à la fois une zone frontalière où ils cohabitent, en compagnie du Népal et du Bhoutan, et une source de tensions, à cause de la question du Tibet, des ressources qu’il renferme et de son intérêt stratégique. De plus, la géographie pousse New Delhi à suivre avec attention les politiques menées par les pays de la région. En effet, son intégrité territoriale dépend d’une mince bande de terres qui relie l’Union indienne à ses États du Nord-Est, coincée entre le Tibet, le Népal, le Bhoutan et le Bangladesh. À l’ouest, c’est l’axe sino-pakistanais qui inquiète New Delhi, au nord-ouest se trouve un pays déchiré par la guerre depuis des décennies, l’Afghanistan, tandis qu’à l’est et au sud, la Birmanie et le Sri Lanka, après avoir été proches du monde indien, s’en sont progressivement éloignés pour se rapprocher de la Chine. Après des années sans avancées à cause, en autre, du contentieux indo-pakistanais, l’Inde revient avec détermination dans son pré carré, consciente qu’elle ne peut prétendre à un rôle global si elle n’est pas capable d’atteindre le statut de puissance régionale. Mais il faut compter également avec la question maritime et les tensions sur les ressources hydriques.