On peut prendre l’exemple de la place de l’Inde et de la Chine en Afrique australe pour étudier leurs politiques africaines. Cette région représente à elle seule 34,4 % des échanges sino-africains et 38 % des échanges indo-africains en 2005. Au Zimbabwe, l’engagement de la Chine date des années 1970 avec le soutien apporté à Mugabe dans sa lutte pour l’indépendance. Aujourd’hui deuxième partenaire commercial, l’influence de Pékin a augmenté quand Mugabe a été mis à l’écart de la communauté internationale, mais depuis quelques années, malgré un commerce en expansion, les dirigeants chinois répugnent à lui rendre visite à cause des dommages que cela cause à leur image en Afrique. L’Inde est, dans une moindre mesure, également présente au Zimbabwe, mais de manière plus récente, elle participe à la rénovation du réseau hydroélectrique et, comme la Chine, s’approvisionne en minerais.
Le cas de l’Afrique du Sud
L’Afrique du Sud, première puissance économique du continent, est très sollicitée par Pékin et New Delhi (35 % de ses échanges avec l’Afrique). Réservoir de matières premières et débouché commercial, les liens politiques entre Pretoria et New Delhi sont également très fort depuis la fin de l’apartheid. Avec la Chine, les relations sont plus difficiles, le déficit de la balance commerciale en défaveur de l’Afrique du Sud est conséquent et c’est le premier pays à avoir critiqué l’implantation chinoise sur le continent, avant d’être imité par la Zambie et la population zimbabwéenne. Quant à l’Angola, c’est le premier partenaire commercial de la Chine en Afrique et elle a longtemps réussi à écarter la concurrence indienne en formant de nombreuses joint-ventures avec des compagnies locales tandis qu’au Mozambique, la concurrence est forte pour entreprendre la réhabilitation du réseau ferroviaire. Cette rivalité risque de s’exacerber dans les prochaines années et ne favorisera guère l’évolution démocratique de la région, contribuant ainsi au renforcement de deux régimes autocratiques, l’Angola et le Zimbabwe.
La relation qu’a l’Inde avec l’Afrique ne se veut pas uniquement commerciale, c’est aussi une politique de coopération, de même que la relation sino-africaine n’a pas débuté sous l’auspice d’un approvisionnement en matières premières, la RPC étant encore exportatrice de pétrole et de minerais à cette époque. Sa politique d’assistance se révèle un investissement rentable du point de vue diplomatique, car elle profite des positions obtenues après plus de 50 ans d’assistance, ce que l’Inde a aujourd’hui grâce à son développement économique et sa diaspora. Pékin n’apporte plus son soutien aux mouvements révolutionnaires, mais elle reste le principal fournisseur d’armes légères du continent.
La vigueur du commerce entre l’Asie et l’Afrique a mis fin au processus de marginalisation de ce continent dans le commerce mondial. En 2008, il a connu sa 6ème année de croissance supérieure à 5%. Cependant, malgré la volonté chinoise de présenter cette politique comme « gagnante-gagnante », sous- entendant que les affaires seraient profitables aux deux parties, c’est tout de même une relation de type nord-sud que Pékin entretient avec l’Afrique, une importation de matières premières contre des exportations de produits manufacturés. Le continent africain apparaît comme un terrain d’essai pour l’Asie qui s’exerce à la globalisation non sans que cela soulève des insatisfactions par quelques gouvernements, mais la plupart du temps, par les Africains eux-mêmes.
Données de 2012, mise à jour en cours.