En effet, dans le climat particulier de la troisième guerre indo-pakistanaise et de la guerre froide, Washington n’était pas aussi bien disposé envers l’Inde et cela, pour des raisons assez simples, l’Inde avait signé en aout de la même année un « Traité de paix, d’amitié et de coopération » avec l’URSS tandis que Washington cherchait, par la « diplomatie du Ping-Pong », à se rapprocher de Pékin et profiter du schisme sino-soviétique.
C’est après la mort de Staline que l’Inde se rapprochera d’une URSS en quête d’appuis extérieurs. La visite de Khrouchtchev à New Delhi en 1955 lança la voie d’une coopération indo-soviétique de grande ampleur. Le dirigeant soviétique visita le Cachemire indien, apportant son soutien à l’Inde sur cette épineuse question, tandis que New Delhi ne votait pas la résolution des Nations Unies demandant le départ des troupes soviétiques lors des événements de Hongrie.
Quant aux relations sino-soviétiques, si elles ont connu une certaine embellie après la mort de Staline, la relation va rapidement se dégrader, jusqu’à la rupture et plusieurs incidents frontaliers. En cause, la politique de coexistence pacifique défendue par Khrouchtchev, une transition trop lente de la société vers le communisme, d’où le « Grand bond en avant », la déstalinisation qui implique la condamnation de toutes formes de culte de la personnalité, la volonté de Pékin de ne pas apparaitre comme un satellite de l’URSS et celle de garder le contrôle de son programme nucléaire.
Quand les troubles débutèrent en mars 1971 au Pakistan oriental, l’Inde avait déjà remporté les deux premières guerres indo-pakistanaises et avait subi, 9 ans auparavant, un cuisant revers contre la Chine. La répression des manifestations par l’armée pakistanaise marquera le début de la guerre de libération de ce qui deviendra le Bangladesh. Cependant, pour les États-Unis, le Pakistan était un allié, mais surtout un moyen de communiquer avec Pékin. Lorsque le Pakistan choisit de frapper préventivement 11 bases et installations de l’Indian Air Force le 3 décembre, en réponse au soutien apporté aux insurgés par l’Inde qui voyait affluer des millions de réfugiés, ce fut le début de la courte troisième guerre indo-pakistanaise (3-16 décembre).
Devant la débâcle des armées pakistanaises, Washington poussa la Chine à déployer des moyens sur sa frontière avec l’Inde pour faire pression sur Delhi, voire à intervenir militairement contre elle afin d’éviter l’anéantissement du Pakistan. C’est ce qu’avaient révélé en 2005 des documents américains déclassifiés et sur lesquels Claude Arpi revient dans un article pour l’Indian Defense Review que vous pourrez retrouver ici :
Arpi Claude, US wanted China to intervene against India in 1971 War, Indian Defense Review, décembre 2021.