Le Think tank indien Oberver Research Fondation a publié un rapport questionnant l’impact que pourrait avoir la répression contre les Ouïghours sur les relations diplomatiques de Pékin avec les pays musulmans. Alliée du Pakistan, proche de la Turquie, mais également membre fondatrice de l’Organisation de Coopération de Shanghai, la Chine a décidé en 2014 de mettre au pas la minorité musulmane dans sa province du Xinjiang, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, pour lutter contre toute forme de séparatisme qui pourrait nuire à l’unité du pays, mais également, car cette province est au cœur des nouvelles routes de la soie et de la Belt Road Initiative. Trois des six principaux projets empruntent cette région pour rejoindre le Pakistan (China Pakistan Economic Corridor) ou l’Asie centrale, la Russie avec au bout du chemin, l’Europe.
Si les pays occidentaux ont condamné les actions de Pékin, les États-Unis de Trump allant jusqu’à qualifier la répression de génocide, ce n’est pas le cas de la plupart des pays musulmans qui ont observé un profond silence, voire approuvé la répression en extradant des exilés ouïghours vers la Chine. 2019 aura été sur ce point une année marquante, 22 pays occidentaux écrivant une note commune à destination du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme pour dénoncer les camps de rééducation et la répression tandis que le lendemain, 37 pays, pour la plupart des pays musulmans (dont l’Arabie Saoudite, l’Égypte ou le Pakistan) publièrent une déclaration conjointe afin de vanter les efforts de la Chine pour « protéger les droits humains et promouvoir les droits de l’homme par des actions de développement ».
Ainsi, le rapport pointe trois raisons principales à ce silence :
– La présence de régimes autoritaires dans nombre d’entre eux, de plus, en délicatesse avec le respect des droits de l’homme, mais également avec les pays occidentaux condamnant Pékin,
– La politique de non-intervention et non-ingérence de la Chine dans les affaires d’autres pays, le Consensus de Pékin,
– Et l’utilisation par Pékin de la Chinese Islamic Association afin de contrôler l’islam en Chine et son discours, de lutter contre toute forme d’extrémisme, mais également comme outil de soft power avec les pays musulmans.
Le rapport se divise en deux parties,
– Une histoire des relations entre le PCC et les Ouïghours,
– L’action des pays musulmans sur la scène internationale au sujet du Xinjiang, les investissements chinois dans ces pays et l’action des autorités locales.
Disponible ici :
China’s Xinjiang Policy and the Silence of Islamic States, Observer Research Foundation