Alors que le chef d’état-major de la marine indienne a déclaré qu’un troisième porte-avions était « absolument nécessaire » afin de protéger les cotes, l’Inde renforce sa coopération avec plusieurs pays, que ce soit par le renouveau du dialogue avec ses voisins et l’océan indien, mais aussi par des exercices militaires conjoints dans le cas du SITMEX.
Le dialogue trilatéral Inde-Sri Lanka-Maldives
En 2011, l’Inde et les Maldives ont débuté un dialogue sur le thème de la sécurité maritime afin de renforcer la coopération entre garde-côtes et lutter contre plusieurs menaces, dont le terrorisme, et différents trafics. Rejoints en 2012 par le Sri Lanka, ce dialogue fut reconduit en 2013 et 2014, mais il aura fallu attendre 2020 pour que la quatrième session ait lieu. Elle s’est tenue à Colombo la semaine passée avec la présence du Conseiller à la sécurité nationale indien, Ajit Doval et des ministres de la défense malais, Mariya Didi, et Srilankais, Kamal Gunaratne.
Pour ne pas laisser le champ libre à des puissances extrarégionales qui pourraient être hostiles à ses intérêts, l’Inde a choisi de relancer ce dialogue, montrant ainsi son intérêt pour la sécurité de la région, tout en surveillant son voisinage immédiat et lointain. En effet, le bilatéralisme que Delhi avait favorisé ces dernières années en Asie du Sud avait montré ses limites, aggravées par les mauvaises relations entre l’Inde et les Maldives d’Abdulla Yameen. Bien que ce dialogue porte essentiellement sur de la soft security, c’est un schéma que la diplomatie indienne multiplie tout en maintenant des approches bilatérales, comme avec l’ile Maurice.
Invitée en compagnie des Seychelles au dialogue trilatéral en 2014, puis à nouveau en 2020, cette dernière profite des aspirations indiennes à exercer un contrôle sur l’Indian Ocean Region (IOR) en partenariat avec d’autres pays, comme avec la France. Soutien dans la réalisation d’infrastructures, comme avec la construction du bâtiment de la Cour suprême, mais aussi pourvoyeur d’assistance médicale dans le cas de la pandémie ou d’assistance technique dans la lutte contre la pollution maritime, Delhi renforce sa coopération l’ile Maurice.
Ainsi, par un dialogue trilatéral, l’Inde relance sa coopération avec l’océan Indien, mais aussi, par des exercices maritimes conjoints, celle avec l’Asie du Sud-est.
Le SITMEX
Pensé lors du dialogue Shrangi-La en 2018 à Singapore, l’exercice maritime trilatéral s’est tenu pour la seconde fois fin novembre à proximité des iles Andaman après une première session en 2019. Réunissant l’Inde, la Thaïlande et Singapore, le SITMEX n’est pas seulement une coopération maritime, c’est également pour l’Inde la reconnaissance de son statut de puissance régionale et pour ses partenaires, une alternative à Washington.
Tout en renforçant l’interopérabilité des trois marines, le SITMEX fait partie de la stratégie indienne initiée par Modi en 2014, l’Act East, et même si les relations indo-singapouriennes sont plus anciennes et plus importantes qu’entre Delhi et Bangkok, la montée en puissance de la Chine a rapproché les intérêts stratégiques thaïlandais de ceux de l’Inde.
Après un rapprochement diplomatique qui a vu la création d’une commission conjointe Inde-Thaïlande réunissant les ministres des Affaires étrangères, une coopération dans le domaine de la défense a permis la multiplication des exercices militaires bilatéraux dans les trois armes. Sur fond de Milk Tea War, l’Inde renforce sa présence en Asie du Sud-est.
Pour aller plus loin (en anglais) :
India’s evolving subregional approach to security cooperation
Mauritius-India Relations: Opportunities for greater cooperation & better understanding
SITMEX: India-Singapore-Thailand complete second trilateral maritime exercises3