Les programmes spatiaux

Le programme spatial indien

L’Inde a adopté, dès les débuts de son programme, une orientation différente de la Chine. Plutôt que de viser des objectifs de prestige, Delhi

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Les programmes spatiaux

Les programmes spatiaux

La compétition entre les États-Unis et l’URSS pour la conquête de l’espace fut un des symboles de la guerre froide. Soutenir un programme spatial

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Le programme spatial chinois

Le programme spatial chinois débute à la fin des années 1950, sous l’impulsion de Zhou Enlai et Lin Biao, lorsque Pékin met en place un programme de recherche et de développement sur les missiles. Le premier institut de recherche sur les missiles et les fusées, l’Institut numéro cinq dépendant du ministère chinois de la Défense nationale, fut créé le 8 octobre 1956. Il était dirigé par Qian Xuesen, un scientifique chinois de retour des États-Unis grâce à l’aide du Zhonglianbu, un des services de renseignement militaire de la RPC. Sous Deng Xiaoping, le programme spatial militaire se concentre sur les satellites de communication géosynchrone, lesquels, alliés aux satellites de reconnaissance sont essentiels en matière de commandement et de renseignement.

Comme pour le programme nucléaire, c’est la COSTIND puis la SASTIND qui ont administré le programme spatial chinois. Il a bénéficié d’une accélération après les réformes des quatre modernisations initiées par Deng Xiaoping grâce à l’adoption en mars 1986 du « plan 863 » en charge du développement technologique, des ordinateurs aux capsules spatiales. Après la réforme de 1998, deux entités séparées ont été créées, l’Agence Nationale Chinoise pour l’Espace (CNSA) et la Société chinoise des technologies et des sciences spatiales (CASC). La CNSA se doit de définir les buts et la CASC de les appliquer.

La CASC, dont le siège est à Pékin, a été divisée en sept académies dont les plus importantes sont la première et la cinquième et elle emploie 100000 personnes dont le tiers est constitué de chercheurs, techniciens et ingénieurs. La première académie, l’Académie chinoise de technologie de lancement d’engins spatiaux (CATL) est chargée du développement des lanceurs, alors que la cinquième, l’Académie chinoise de technologie spatiale (CAST) est chargée de la recherche-développement en matière de technologie aérospatiale. La réorganisation de l’agence spatiale, et celle de l’industrie de la défense ont pour but de privatiser ce secteur et d’alléger l’implication de l’état.

Les vecteurs de lancement chinois

Les lanceurs chinois sont conçus à partir des missiles intercontinentaux Dong-Feng-4 remplacés aujourd’hui par des modèles adaptés du Dong-Feng-5 qui constituent la majorité de ses vecteurs stratégiques. Ils sont entièrement construits en Chine et la première génération, nommée Chang Zheng (Longue Marche), a lancé le premier satellite chinois dans l’espace en avril 1970. La Chine devient alors le cinquième pays à envoyer un satellite en orbite. Elle est entrée sur le marché du lancement de satellites internationaux avec le lancement d’Asiasat-1C en 1990 et d’Arabsat-1C, Freja et deux satellites Aussat en 1992. Le 15 octobre 2003, à Jiuquan, la Chine lance grâce à une fusée Chang-Zheng-2F le Shenzhou V, son premier vaisseau spatial habité par un « taïkonaute », le Lt. Col. Yang Liwei. Après l’Union soviétique et les États-Unis, elle fait ainsi son entrée dans le club très fermé des pays ayant envoyé un homme dans l’espace.

La plupart des fusées ont été lancées à partir de trois sites gérés par China Satellite Launch and TT&C General (CLTC), à Jiuquan dans la province du Gansu, à Xichang dans le Sichuan, à Taiyuan au Shanxi et un nouveau pas de tir a été créé à Wenchang sur l’île d’Hainan. Cette nouvelle base, opérationnelle en 2014, proche de l’équateur et d’infrastructures portuaires permettant le transport des lanceurs, devrait devenir la principale base de lancement du programme chinois. Elle accueille la dernière génération de lanceurs, les Dong-Feng-5 développés entre 2007 et 2015, et dont le premier vol a eu lieu a Wenchang en novembre 2016. Après un échec en 2017, une nouvelle version, la 5B, sera testée avec succès le 5 mai 2020.

Au début des années 90, elle a tenté de rejoindre le marché international des pays lanceurs d’engins spatiaux, mais après plusieurs échecs, elle s’en est retirée à la fin de la décennie. De plus, en 1999, les États-Unis avaient commencé à imposer un contrôle sur les exportations de composants destinés à la fabrication de satellites. Elle n’a réintégré ce marché qu’en 2011 avec le lancement d’un satellite Eutelsat. Elle a pour objectif de placer un laboratoire scientifique en orbite circumterrestre en 2022, d’envoyer avant la fin de l’année 2020 une sonde sur la Lune pour y collecter et ramener des échantillons et à l’horizon 2025, d’y envoyer des hommes. Les activités spatiales de la Chine ont un statut important en raison de leur rôle dans la protection des intérêts nationaux et la mise en place de la stratégie de développement.

Déjà, dans le livre blanc sur « La défense nationale de la Chine en 2002 », elle exposait une stratégie à court terme (dix ans) et une stratégie à long terme (vingt ans). Cette politique spatiale prévoyait le développement de tous types de systèmes de satellites ainsi que la construction d’une station spatiale (Projet 921), d’un système de lancement d’engins lourds et un de transport dans l’espace. Les scientifiques chinois préparent également des missions vers Mars en plus de leurs missions lunaires. La mise en place d’un système indépendant de navigation et de positionnement par satellite, si critique pour les missions militaires, y était mentionnée, ainsi que les capacités de contrôle à partir de l’espace.

D’après le livre blanc sur « La défense nationale de la Chine en 2008 »[1]China’s National Defense in 2008, http://www.china.org.cn/government/central_government/2009-01/20/content_17155577.htm, elle poursuit une stratégie militaire de défense active et la sécurité nationale est toujours l’un des objectifs du programme spatial. Les satellites de télédétection, de communication et de navigation participent sans doute à des missions à la fois militaires et civiles (par exemple l’observation météorologique et océanographique ou pour aider l’agriculture) dans le but de poursuivre la politique d’indépendance et d’autonomie. De fait, deux satellites chinois (ZY-2 et ZY-2B) sont généralement considérés comme des satellites de reconnaissance militaire. Les autres objectifs sont l’exploration de l’espace extra-atmosphérique, l’élargissement des connaissances sur l’univers et l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques[2]Traité entré en vigueur en 1968 et signé par la Chine.

Les programmes

La CASC a présenté cinq séries de satellites qui comprennent les satellites de communication Dongfanghong (l’Orient est rouge), les satellites météorologiques Fengyun (vent et nuages), les satellites d’exploration scientifique Shijian (pratique) et les satellites de télédétection Ziyuan (ressources). La CASC est également responsable de la construction et du lancement du satellite d’essai de navigation Beidou (étoile polaire du nord). Le programme Beidou doit permettre à la Chine de posséder son propre réseau de positionnement géostationnaire composé de 35 satellites d’ici 2030.

Dans le domaine des communications, la CASC envisage d’accélérer la recherche développement afin d’accroître la capacité, l’efficacité, la largeur de bande et la durée d’utilisation de ses satellites pour atteindre le niveau international. En 2010, dans son rapport sur la puissance militaire de la République populaire de Chine, le Département américain de la défense affirme que les efforts déployés par la Chine pour mettre au point le premier vol habité dans l’espace pourraient contribuer à renforcer ses capacités militaires spatiales. Il suggère également que la Chine pourrait être en train de développer une arme antisatellite à ascension directe, elle a testé avec succès un missile antisatellite (ASAT) en janvier 2007 et en janvier 2010, mais aussi des systèmes visant à bloquer les signaux des satellites de navigation américains et des lasers basés à terre pour endommager les lentilles optiques placées sur les satellites de reconnaissance. Une meilleure surveillance à partir de l’espace pourrait modifier l’équilibre militaire en Asie.

Il est possible que la Chine ait déjà accès à un radar sophistiqué de détection par satellite pouvant détecter, surveiller et cibler des installations militaires et à la technologie de brouillage anti-GPS (Global Positioning System). La voie particulière choisie par la Chine pour accéder au développement de l’espace inclut à la fois les applications militaires et la coopération internationale. Les pays qui participent au programme chinois sont la Russie et les anciennes Républiques socialistes, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Brésil. Elle exporte sa technologie spatiale vers d’autres pays comme le Pakistan, l’Iran ou la Thaïlande.

Pendant la décennie 2010, le monde a pu être témoin des succès de son programme avec pour l’année 2018, le record de lancements (40% du total) ou en janvier 2019 le premier alunissage d’un robot sur la face cachée de la lune. La Chine possède aujourd’hui la deuxième flotte de satellites, y compris militaire. Sur ce point, une des réformes de l’APL en 2015 crée la Strategic Support Force qui doit centraliser toutes les activités liées à l’espace, la guerre électronique et le cyber. Cela se traduit par une augmentation du nombre de lancements de satellites à des fins militaires ainsi que par la mise en place d’un système de surveillance de l’espace, mais également par le développement d’un « corridor de l’information spatiale » couvrant aussi bien la navigation que les télécommunications et qui doit appuyer le programme Belt Road Initiative.

Références

Références
1China’s National Defense in 2008, http://www.china.org.cn/government/central_government/2009-01/20/content_17155577.htm
2Traité entré en vigueur en 1968 et signé par la Chine