La structure

La direction et la recherche La planification des projets de défense et l’application des directives gouvernementales reviennent au ministère de la Défense. Il est

.....

Le poids du complexe militaro-industriel dans la société indienne

Diversification de la production

L’idée reçue est que l’industrie de défense indienne n’est pas impliquée dans la production civile. De même, la conversion ou la diversification de l’industrie militaire dans une production civile a longtemps été perçue comme inutile dans des pays comme l’Inde ou le secteur des industries de défense est très fermé. Pendant la Guerre froide, la petite conversion tentée dans les pays occidentaux a rencontré de nombreux problèmes. Cela pouvait aller de problèmes techniques à détourner les usines militaires pour des productions civiles aux nombreux changements dans l’environnement politique et sécuritaire durant les années 1960 et 1970. Pour autant, il était assumé que le surplus de la capacité de production militaire pouvait rapidement et avec succès être converti pour satisfaire des besoins civils une fois le désarmement engagé.

La seconde phase de conversion, démarrée par les principaux producteurs d’armements occidentaux, commença pendant et après la Guerre froide. On essaya de convertir à l’usage civil les surplus des capacités de productions des industries de défense, mais ce processus de conversion a rencontré de nombreux obstacles en dépit de la décision de réduire les dépenses militaires. La conversion à travers la diversification a été une caractéristique majeure dans l’industrie de défense indienne. Beaucoup en Inde croyaient que le pays ne possédait pas une base industrielle suffisante pour envisager la conversion ou la diversification qui prend normalement place quand il y a des surplus de capacités de production. Mais d’un autre côté, le renforcement de la production civile dans l’industrie de défense bénéficierait à la fois au secteur civil et au secteur militaire.

La production civile dans cette industrie a été encouragée dès la fin des années 1950. Le but premier était d’atteindre un meilleur degré d’efficacité dans la production et de maintenir les capacités opérationnelles durant les périodes de baisses de la demande. Mr V. K. Krishna Menon (ministre de la Défense de 1957 à 1962) a lancé ce programme qui a vu des produits civils comme des percolateurs à café, des produits électroniques et de l’équipement de construction sortirent des usines de la défense. La guerre contre la Chine en 1962 a cependant mis fin à ces productions pour se focaliser sur l’établissement de vastes unités de production industrielle de la défense. C’est durant cette période qu’Hindustan Aeronautics Limited est créé, en même temps que des OFs et des DPSUs. Cette initiative de diversification a aussi été menée en Chine où Lin Biao lança la politique connue sous le nom « production civile en temps de paix et production militaire en temps de guerre ».

L’accélération du processus survient dans les années 1980 et 1990. Le programme de diversification incluait un plan et un calendrier d’actions avec une stratégie pour chaque usine et la nomination de consultants professionnels chargés d’identifier les produits porteurs et les marchés potentiels. Cela permettrait aux OFs d’utiliser leurs capacités inutilisées. Le ministre de la Défense en poste de 1991 à 1993, Sharad Pawar, avait permis aux OFs d’utiliser au maximum 40 % de leur capacité pour la production de biens civils. Cinq des OFs furent récompensées par un certificat de qualité pour leur production et au milieu des années 1990, la vente de produits civils par les OFs atteignait 10 millions de roupies. La DPSU HAL s’était impliquée dans des produits de haute technologie pour le programme spatial sous la supervision de l’ISRO[1]Indian Space Research Organisation, https://www.isro.gov.in/. Depuis le début des années 1980, elle a commencé à fournir des composants pour l’aviation civile. En 1993, elle a rejoint un consortium asiatique pour coproduire des courts et moyen-courriers. De plus, elle a un accord de coopération avec Boeing pour la maintenance des 737 en Inde. Le programme LCA contient de nombreuses applications qui pourront être utilisées dans l’aviation civile.

En 2004, la part de la production destinée à l’usage civil des OFs n’était que de 10%, mais les DPSUs étaient plus impliquées, 55% pour Bharat Electronics Limited, 94% pour Bharat Earth Movers Limited, 55% pour Mazagon Dockyard Limited, 18% pour Garden Reach Shipbuilders & Engineers Limited, 6% pour Hindustan Aeronautics Limited, 50% pour Mishra Dhatu Nigam Limited et seulement 1% pour Goa Shipyard Limited et Bharat Dynamics Limited. National Aerospace Laboratory, une sous-division d’Hindustan Aeronautics Limited, a dévoilé son prototype d’un avion commercial de 14 places qui entrera en phase de production dans deux ans. Une DPSU comme Bharat Electronics Limited est elle aussi engagée dans la production civile depuis longtemps, plus de 350 articles sont produits par BEL pour le secteur civil et depuis 1993, BEL est entrée dans le marché des téléphones portables et se concentre désormais sur la production de tubes à rayon X pour le marché mondial.

Le bilan du CMI indien

Après avoir connu différentes périodes de croissance et s’être développée sous contrôle étatique, l’industrie de défense indienne dispose aujourd’hui d’un grand potentiel pour le marché civil et elle entre maintenant dans une phase de concentration, ce qui implique que les unités de production vont produire de plus en plus d’articles à double usage, civil et militaire. En 2002, le secteur public de la défense produisait encore 250 % de biens de plus pour les forces armées que le secteur privé. La stratégie de cette industrie est principalement dirigée sur la recherche de l’autosuffisance et dans les années 1990, les encouragements à la constitution de joint-ventures et de coproduction dans le secteur industriel de la défense étaient vus comme une étape pour atténuer le régime de production sous licence et améliorer les capacités indigènes de production afin de réduire la dépendance aux importations.

Le déséquilibre est important, 70 % des besoins doivent être importés. Cette stratégie avait pour but de renverser la tendance et de diminuer les importations à 25 % des besoins des forces armées. La décision d’autoriser la participation privée a un double objectif, apporter du capital et des capacités de production, et s’ouvrir au marché extérieur grâce à elle. Un effort particulier est conduit dans les secteurs de l’aéronautique et de l’électronique pour rendre des DPSUs comme HAL et BEL compétitives. On y voit apparaître des techniques de management qui étaient auparavant réservées au secteur privé. Cette industrie militaire doit aussi servir de locomotive au développement économique du pays grâce à la dualité dans la production qui bénéficie aux deux secteurs. Le gouvernement entend, grâce aux apports privés nationaux et les coopérations internationales, se désengager financièrement le plus possible du secteur de la défense même si c’est politiquement difficile à envisager.

Les résultats de cette politique sont pour l’instant difficiles à évaluer, mais l’exemple du missile Brahmos, s’il rencontre un succès international, pourra confirmer la place grandissante du CMI indien sur le marché mondial et accroître la confiance dans le secteur. De plus, la relation triangulaire entre l’industrie de défense, le DRDO et les forces armées évolue dans une direction positive grâce aux réformes annoncées par le gouvernement. La création d’autorité reliant ses trois axes, l’intégration des commandements des trois armes au ministère de la Défense et la création de l’état-major intégré de la défense (Integrated Defence Staff, IDS) le 23 novembre 2001 vont contribuer à influencer la structure du CMI. Rationalisation, diversification et participation privée devraient permettre à l’Inde de posséder un CMI capable de remplir ses missions.

Données de 2012, mise à jour en cours.

Références

Références
1Indian Space Research Organisation, https://www.isro.gov.in/