Chindia

L’état des relations aujourd’hui

En octobre 2013, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, et son homologue chinois, Li Keqiang, signèrent à Pékin un accord de coopération concernant leurs

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Ou compétition ?

Malgré des rencontres fréquentes, il reste des points controversés et des contentieux à régler entre les deux nations. Tout d’abord, le problème des frontières

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De l’illusion « Hindi chini, bhai, bhai » …

Les Indiens et les Chinois sont frères ?

L’Empire chinois et l’Empire moghol prospéraient aux XVIe et XVIIe siècles, coexistant en paix et monopolisant une part importante du négoce mondial grâce à leurs réseaux commerciaux tandis qu’à partir du XVIIIe siècle, les deux empires passèrent progressivement sous la domination des Occidentaux. Lors de la formation des régimes politiques que nous connaissons aujourd’hui, l’Inde et la Chine jouèrent un rôle important pour la réémergence de l’Asie et tentant de formuler une doctrine commune de conduite des relations internationales. Les racines de cette entente peuvent se trouver dans la déclaration conjointe que les représentants indiens et chinois publièrent à l’issue du congrès de Bruxelles en 1927 ou ils affirmaient déjà qu’il était impératif pour les deux peuples de faire revivre leur amitié vieille de trois millénaires. En 1939, Nehru avancera même l’idée d’une fédération orientale dont l’Inde et la Chine auraient été les deux éléments essentiels, idée formulée une nouvelle fois en 1945[1]Joyaux François, La tentation impériale. Politique extérieure de la Chine depuis 1949, Paris, Imprimerie nationale, 1994, p. 291.  et qui démontrait la volonté de Nehru d’une coopération sino-indienne pour « réveiller » l’Asie. Cependant, cela n’avait pas empêché l’Inde d’avoir une attitude ambiguë qui pouvait présager des problèmes à venir. Selon Rajiv Sikri, un ancien ambassadeur indien au Kazakhstan, Nehru penchait plutôt du côté des nationalistes[2]Sikri Rajiv, The Tibet factor in India-China relations, 2011 tandis que, dès 1948, l’Inde profita de la guerre civile chinoise pour expulser les représentants locaux du gouvernement tibétain afin d’occuper Dirang Dzong et Taklung Dzong sur sa frontière nord-est. Elle reconnut néanmoins rapidement la RPC, dès le 30 décembre 1949, et noua des relations diplomatiques le 1er avril 1950. Shang Quanyu, un universitaire chinois, divise les relations sous Nehru en deux périodes, de 1947 à 1958 ou l’amitié domine, et de 1959 à 1964 ou c’est l’hostilité qui domine[3]Quanyu Shang, Sino-indian relations in the Nehru Era, 2009.

Un rapprochement sino-indien sur fond de guerre froide

Le 1er février 1951, elle vota contre la résolution des Nations Unies visant à condamner la RPC pour son implication dans le conflit coréen, ce qui ravit la RPC, mais dès le lendemain, elle en profitait pour occuper Tawang. De plus, l’Inde soutint plusieurs fois l’admission de la RPC à l’ONU et elle s’impliqua pour que des pourparlers s’ouvrent entre les deux parties coréennes, ce qui fut le cas en décembre 1953. Grâce à son rôle de négociateur, l’Inde avait acquis une image d’honnête pacificateur, c’est la raison de la signature du traité sino-indien sur le Tibet du 29 avril 1954 ou l’Inde désignait pour la première fois le Tibet comme la « région tibétaine de Chine ». De ce traité naquit l’ambiguïté entre reconnaissances de la souveraineté ou de la suzeraineté chinoise sur cette région, deux notions différentes d’où émergeront les tensions. Parallèlement, l’Inde s’employa à signer des accords avec les royaumes himalayens dans le but de maintenir sa prééminence dans la zone. Lors de sa visite à New Delhi en juin 1954, Zhou Enlai reconnut la validité de la « troisième voie » et du non-alignement alors que le gouvernement communiste avait auparavant dénoncé le neutralisme du  régime  « bourgeois-démocratique »  de  Nehru,  propice  à  servir  les  desseins  de l’« impérialisme anglo-américain ». Nehru effectua un voyage à Pékin en octobre et à la fin de l’année 1954, les deux pays étaient engagés dans un processus de rapprochement et ce fut en grande partie grâce à l’Inde que la Chine fut invitée à la conférence de Bandung. Mais cette conférence, qui illustrait l’apogée de la diplomatie indienne, allait également être le point de départ d’une diplomatie chinoise de plus en plus active qui, au cours des cinq ou six années suivantes, allait progressivement gêner la politique menée par l’Inde.

Dès 1956, la méfiance s’installe avec la visite du Dalaï-lama en Inde et la découverte en 1957 d’une route chinoise en construction en Aksaï Chin. De plus, après Bandung, la RPC et l’Inde étaient en concurrence vis-à-vis des États afro-asiatiques. En Chine, le schisme sino- soviétique en était à son début tandis que l’URSS se rapprochait de l’Inde, à l’axe Moscou-Pékin se substituait un axe Moscou-New Delhi. Après la fuite du Dalaï-lama, qui disposait d’un vaste soutien dans l’opinion publique indienne, les relations continuèrent de se détériorer tandis que les principes de la Forward Policy se mettaient en place, les suspicions mutuelles s’intensifièrent alors que la classe politique indienne se radicalisait et poussait Nehru à la fermeté. S’ensuivit la montée des tensions pendant l’été et la courte guerre d’octobre- novembre 1962.

Références

Références
1Joyaux François, La tentation impériale. Politique extérieure de la Chine depuis 1949, Paris, Imprimerie nationale, 1994, p. 291.
2Sikri Rajiv, The Tibet factor in India-China relations, 2011
3Quanyu Shang, Sino-indian relations in the Nehru Era, 2009