Singapour
Colonie britannique jusqu’en 1959 dont la majorité de la population était d’origine chinoise, la cité-État rejoignit brièvement la Fédération de Malaisie de 1963 à 1965 avant que le Premier ministre de Singapour lance l’île dans une expansion économique fulgurante. En janvier 1965, Zhou Enlai refusa de reconnaître l’indépendance de Singapour qu’il associait à une Malaisie dirigée par des « néocolonialistes criminels vis-à-vis du peuple »[1]Lambert Denis, Géopolitique de la Chine, Du bronze antique au plutonium, Paris, Éditions Ellipses, 2009, p.372.. Pendant la révolution culturelle, la RPC y appuya un soulèvement communiste et ce n’est qu’à partir de 1971 que les relations sino-singapouriennes allaient s’améliorer, mais il faudra attendre octobre 1990 pour que Singapour reconnaisse la RPC. C’est le ralliement de Pékin à l’économie de marché et les investissements massifs de la cité-État en Chine qui ont inversé la tendance, la ville devenant le deuxième port d’exportation de la RPC, après Hong Kong.
Principal partenaire commercial indien dans l’ASEAN, Singapour possède également une importante minorité indienne (9,2 % de la population), mais ce n’est qu’à partir des réformes économiques de New Delhi et la mise en place de la Look East Policy que les relations bilatérales vont progresser. Outre des accords économiques signés en 2005, c’est grâce à Singapour que New Delhi a pu être invitée au Sommet de l’Asie orientale et elle apporte son soutien à l’Inde dans sa quête d’un siège permanent au CSNU tout en menant des exercices militaires communs. Pièce maitresse dans le développement indien, Singapour est aujourd’hui le sixième partenaire commercial de l’Inde au niveau mondial et le deuxième investisseur étranger en Inde.
La Malaisie
État marqué par la présence d’une importante guérilla communiste à partir de 1948, ce fut le premier membre de l’ASEAN à reconnaître la RPC en 1974 et à rompre ses relations avec Taiwan. Avec l’Inde, les relations diplomatiques furent établies en 1957 et au niveau bilatéral, un accord de défense a été signé en 1993, les relations commerciales rentrant dans le cadre des accords commerciaux de l’ASEAN. Même si elles sont relativement importantes, c’est plutôt l’Inde qui investit en Malaisie, Kuala Lumpur ne se plaçant qu’au vingtième rang des investisseurs étrangers en Inde.
L’Indonésie
Plus grand pays musulman du monde et disposant d’une importante minorité chinoise, les gouvernements qui se succédèrent après 1945 tentèrent de trouver un équilibre avec le puissant Parti communiste indonésien. Les relations sino-indonésiennes furent bonnes dans les années 1950 et 1960 (reconnaissance de la RPC en 1950, accord en 1955 qui réglait la question de la double nationalité, traité d’amitié en 1961) jusqu’au coup de force de septembre 1965 qui élimina les communistes, amena Suharto au pouvoir en 1966 et entraîna la rupture des relations diplomatiques avec la RPC en octobre 1967 qui ne seront rétablies qu’en 1990. L’Indonésie souhaita dès lors faire contrepoids à la puissance américaine dans la région en établissant des relations étroites avec la RPC et en signant des accords économiques d’envergures en 2002. Membre fondateur du MNA avec Nehru, Sukarno entretient des relations étroites avec l’Inde, mais c’est après 1991 que les relations bilatérales prendront un nouvel essor dans des domaines aussi divers que le commerce, la défense, les échanges culturels, mais aussi l’espace et la lutte contre le terrorisme. Une commission spéciale regroupant des membres des deux ministères des Affaires étrangères a été formée pour maintenir le développement bilatéral et un partenariat stratégique établi en 2005.
La Thaïlande
Pro-occidentale, ayant soutenu les États-Unis pendant la guerre du Vietnam, elle n’en chercha pas moins à se rapprocher de la RPC (reconnaissance en 1975) pour faire contrepoids à l’influence grandissante du Vietnam dans la péninsule indochinoise suite à la chute de Saigon en avril 1975. N’ayant aucun contentieux territorial avec elle et à la faveur du désengagement militaire américain, la Chine devint progressivement un fournisseur important de matériel militaire à ce pays, c’est aussi par son territoire que passait l’aide chinoise destinée au Kampuchéa démocratique puis aux Khmers rouges. La Thaïlande, dont 70 à 80 % des parlementaires ont au moins un des grands-parents nés en Chine, est devenue la meilleure alliée de Pékin au sein de l’ASEAN, particulièrement depuis la crise asiatique de 1997. L’accroissement de la dépendance énergétique de la Chine a donné naissance à un projet de canal sur l’isthme de Kra qui permettrait aux navires chinois d’éviter le détroit de Malacca. Partageant une frontière maritime commune et des liens culturels très forts, l’Inde et la Thaïlande établirent des relations diplomatiques dès 1947. Là aussi, c’est la nouvelle politique extérieure indienne qui permit un réel rapprochement qui rencontrait une Look West Policy thaïlandaise lancée en 1996. Divers accords furent signés à partir de 2003 et les échanges de haut niveau se multiplient depuis 2007.
Les Philippines
Archipel de plus de 7000 îles, Manille s’aligna sur la politique des États-Unis dès leur indépendance en 1945. Membre de l’OTASE, elle avait à lutter contre une insurrection communiste menée par le parti local très influencé par les thèses maoïstes. Après la proclamation de la loi martiale en 1972, elle décida néanmoins de se rapprocher de la RPC et établit des relations diplomatiques en 1975. Quand la RPC s’empara du récif de Mischief, situé dans les eaux territoriales de Manille en janvier 1995, les relations bilatérales s’envenimèrent, surtout après la destruction des installations chinoises par la marine des Philippines en 1997. Après ces incidents, la position chinoise se fit plus conciliante et un vrai rapprochement débuta, concrétisé par des visites de haut niveau dans les années 2000 et des accords d’exploitation en commun des ressources pétrolières des îles Spratleys. Malgré une proximité idéologique et l’établissement très tôt de relations diplomatiques (1949), l’Inde et les Philippines suivirent deux voies différentes pendant la Guerre froide. Les sommets bilatéraux devinrent plus fréquents dans les années 1990 avec la mise en place en 1998 d’un groupe de contact pour développer le commerce et d’accords de défense à partir de 2010.
Données de 2012, mise à jour en cours.