L’ambition de l’Inde, dès son indépendance, a été de sortir de son environnement immédiat, du panasiatisme au Mouvement des non-alignés, Nehru n’a eu de cesse de donner à son pays les spécificités d’une grande puissance porteuse d’un projet international universaliste. Cependant, le début de la guerre froide coïncide avec l’indépendance et seul le désintérêt initial et relatif des États-Unis ou de l’URSS à son égard lui offre une certaine marche de manœuvre. Dans le pays, le souvenir de la domination coloniale contribua à forger le désir d’une certaine autonomie nationale. C’est pourquoi l’Inde indépendante choisit de maintenir le plus de distance possible avec les deux blocs en formation, tous les partis politiques indiens se retrouvaient dans cette idée qui prendra l’appellation de « non-alignement ». C’est une conception différente du neutralisme, l’Inde n’adopte pas le statut de pays neutre et s’implique dans les questions internationales relevant de son intérêt ou de celui de l’humanité, « elle doit fonder sa politique sur ses propres perceptions et intérêts et non sur le jugement politique de l’un ou l’autre bloc »[1]Jaffrelot Christophe (Dir.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, p. 135., le non-alignement n’est donc pas une attitude passive. Inspiré par les idéaux de Gandhi, l’objectif premier de Nehru sera de rassembler une coalition d’États adhérant au Pancha Shila, version indienne des « cinq principes de coexistence pacifique ».
Le non-alignement en pratique
L’indépendance nationale était indissociable du combat contre le partage du monde auquel se livraient les grandes puissances. Deux facteurs majeurs peuvent être retenus pour expliquer l’adoption du non-alignement. Premièrement, le coût des dépenses militaires qu’aurait engendré un ralliement à l’un ou à l’autre des deux blocs et qui aurait mis en péril le développement du pays. De plus, l’Inde avait lutté pacifiquement contre la domination britannique et Nehru était donc « enclin à attacher moins d’importance aux solutions militaires qu’aux solutions pacifiques »[2]Jaffrelot Christophe (Dir.), New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 9.. Deuxièmement, l’Inde avait difficilement obtenu son indépendance et voulait la conserver. Pour cela, Nehru s’engagera dans une doctrine d’ « idéalisme pratique » et ne se voyait pas comme le fondateur d’un mouvement, mais plutôt comme le porte-parole d’une vision du monde qui s’était formulée pendant ses années de lutte. Du « Congrès des nationalités opprimées » de Bruxelles en 1927 à celui de New Delhi en 1947, acte fondateur de la politique extérieure de l’Inde, le mouvement pour l’indépendance de l’Inde dénonçait le colonialisme et l’impérialisme, une forme de domination néocoloniale[3]Racine Jean-Luc, L’Inde et l’ordre du monde, Hérodote, 2003., et apportait son soutien aux mouvements de résistance contre la domination et l’exploitation d’un pays par un autre. De plus, la lutte de Gandhi contre le racisme lorsqu’il était en Afrique du Sud ajouta une virulente critique du racisme aux deux précédentes[4]Mohammad-Arif Aminah, L’Inde et sa puissance, 2002.. En 1949, il réunira une conférence des États asiatiques sur la question indonésienne pour faire pression sur les Pays-Bas afin qu’ils libèrent leur colonie.
Le non-alignement et la politique étrangère indienne
Au niveau global, l’Inde reste membre du Commonwealth, ce qui lui permet d’établir des liens directs avec une partie du monde anglophone sans aliéner son indépendance et soutient l’entrée de la République populaire de Chine à l’ONU. En 1952, elle tente de mettre en place un traité d’interdiction des essais nucléaires, avec l’aide de l’Irlande. Après la mort de Staline, un rapprochement débute avec une Union soviétique à la recherche d’un partenaire en Asie du Sud, cela se concrétise avec la visite de Khrouchtchev en 1955 qui marque le début d’une amitié. Parallèlement, l’Inde n’arrivait pas à avoir de relations aussi cordiales avec les États-Unis, une des causes en serait, outre le rapprochement indo-soviétique, la politique de développement mis en place par Nehru qui avait pour fondement à la fois l’injection massive de capitaux publics, principalement dans l’industrie lourde pour permettre un développement autocentré, et la mise en place d’une forme de protectionnisme économique pour favoriser l’essor de l’industrie locale, ce qui déplaisait aux Américains. En politique intérieure, trois courants d’opposition critiquaient la politique du gouvernement, la mouvance nationaliste hindoue, la mouvance libérale et la mouvance sociale-démocrate. Les trois trouvaient que le non-alignement penchait trop vers l’est et souhaitaient que l’Inde sorte de l’orbite soviétique, mais leurs influences étaient limitées. L’Inde participa activement à différentes commissions des Nations Unies comme celle portant sur le rapatriement des réfugiés coréens et contribua aux effectifs des Casques bleus au Congo belge (1961-1962). Elle disposait d’une aura internationale sans commune mesure avec son poids économique et militaire, basée seulement sur son prestige moral, c’est l’âge d’or de sa politique étrangère qui permettait à l’Inde d’être considérée comme un interlocuteur crédible par les grandes puissances, comme lorsqu’elle proposa sa médiation avant la guerre de Corée en 1950 ou à propos de l’Indochine en 1954.
Le risque de l’isolement
Dans sa région, elle dut faire face au problème du Cachemire et à l’occupation persistante de l’enclave de Goa par le Portugal de Salazar. En politique intérieure, les dépenses militaires furent strictement encadrées par une loi dans le but de les limiter et de favoriser le développement du pays, ce qui aura des conséquences désastreuses lors du conflit sino-indien de 1962. Après la défaite, Nehru dut faire face à d’importantes critiques de sa politique étrangère et lança un vaste programme de modernisation de l’armée indienne. Cependant, le non-alignement resta une constante de la diplomatie indienne, même après la mort de Nehru en 1964, mais cette guerre sonna le glas des efforts de solidarité asiatique de New Delhi. Après que les États-Unis aient tenté d’apporter une assistance tardive à l’armée indienne, ils se désintéressèrent à nouveau de l’Inde, préoccupés par la situation au Vietnam. Aussi, ce sont les Soviétiques qui soutinrent le traité de paix de Tachkent, signé en janvier 1966, qui mit fin à la Deuxième Guerre indo-pakistanaise de 1965. Le Pakistan, voyant le rapprochement indo-soviétique, choisit de se rapprocher de la RPC, mais l’Inde de Lal Bahadur Shastri, qui remplaçait Nehru, maintient sa politique de non-alignement et, pour un temps, son opposition à l’arme nucléaire.
Cependant, en 1966, Indira Gandhi chercha à établir un partenariat avec les grandes puissances sur ce sujet, mais, n’y parvenant pas, elle choisit de lancer un programme secret de développement de la première bombe atomique indienne. La victoire de justesse du Parti du Congrès aux élections de 1967 la pousse à lancer un vaste programme de nationalisation bancaire, ce qui lui donne une image « socialisante » en Occident. Elle entend continuer à défendre l’image d’une Inde laïque et soutient l’élection d’un musulman à la présidence de l’Union, Zakir Hussein. La mort d’Hussein en 1969 plongera le Parti du Congrès dans une grave crise qui se finira par une scission entre les partisans d’Indira Gandhi et ceux de son opposant, Desai, événement de politique intérieure qui aura une conséquence importante sur l’action de l’Inde. En effet, pour se maintenir au pouvoir, Indira Gandhi doit s’allier avec le Parti communiste indien proche de l’Union soviétique. Sa politique étrangère était basée sur deux visions du monde, l’une ou l’Inde supportait toujours la décolonisation et la défense des plus pauvres dans le système international, l’autre était de donner à l’Inde une puissance militaire qu’elle pourrait utiliser si le besoin s’en faisait sentir. Pour cela, il fallait tirer les leçons de la politique étrangère menée jusqu’ici et atténuer l’isolement de l’Inde.
Le repli régional
Après le premier choc pétrolier de 1973 qui donna plus d’importance au pays du Moyen-Orient au sein du MNA, l’Inde rayonnait de moins en moins et se replia sur sa région où elle concentra toute son attention. En effet, elle s’inquiétait de la présence croissante des grandes puissances en Asie du Sud et dans l’océan Indien avec par exemple l’installation d’une base américaine sur l’îlot britannique de Diego Garcia. Aussi, Indira Gandhi choisit de s’appuyer sur sa région et sa politique reconnaissait à l’Inde le droit d’intervenir dans les affaires intérieures de ses voisins au cas où un désordre purement interne menacerait la sécurité de l’Inde ou de sa région, c’était la naissance de la « doctrine Indira ». Les troubles au Pakistan oriental à partir de mars 1971 rapprochèrent l’Inde de l’URSS avec qui elle signa un traité de « paix, d’amitié et de coopération » pour une durée de 20 ans en août 1971. Dans la conception indienne, seul le fait de ne pas appartenir à un système d’alliance militaire dirigé par l’une ou l’autre des superpuissances permettait à un pays de se prévaloir du non- alignement, aussi, ce traité ne constituait pas une alliance militaire et ne remettait pas en cause la validité de son option. Il ne prévoyait que des consultations mutuelles en cas d’agression contre l’une des parties et soulignait que l’URSS respecterait le non-alignement de l’Inde. Le Pakistan effectua une attaque préventive début décembre ce qui donna le prétexte à Indira Gandhi, fidèle à sa doctrine, pour envahir le Pakistan oriental et obtenir en deux semaines l’indépendance du Bangladesh. L’Inde apparaissait comme la puissance dominante dans le sous-continent, mais, malgré cela, elle ne pouvait prétendre à un rôle global. Son économie restait stagnante et elle n’attirait pas les investissements étrangers nécessaires à son développement. Aussi, pendant la décennie 1970, l’Inde devint un acteur marginal sur la scène globale et son influence restait confinée en Asie du Sud. Dans le même temps, ses relations avec ses voisins se dégradèrent, Indira Gandhi ne cédant en rien sur le contentieux qui l’opposait au Royaume du Népal qui cherchait une voie d’accès à l’océan Indien. Avec le Bangladesh, la question du partage des eaux fluviales fit son apparition. L’annexion par l’Inde du Sikkim en 1975, ancien royaume situé entre la RPC et l’Inde, ainsi que le soutien présumé par la RPC des mouvements insurgés dans les États indiens du nord-est du pays compliquaient les relations sino-indiennes.
La chute d’Indira Gandhi
La défaite d’Indira Gandhi aux élections de 1977 porte au pouvoir une coalition de partis politiques opposés à l’état d’urgence, le Parti Janata, qui entend pratiquer un « non-alignement véritable » mais c’est surtout par la diversification des achats d’armements que cette coalition tentera d’atténuer la dépendance de l’Inde envers Moscou. Le Janata désire également restaurer de bonnes relations avec le voisinage, y compris la Chine que le ministre des Affaires étrangères indien de l’époque, Vajpayee, visitera en février 1979. Indira Gandhi revient aux affaires lors des élections de 1980 et en 1982-1983, des commissions mixtes sont établies avec le Pakistan, le Bangladesh et le Népal pour discuter de façon bilatérale des contentieux à résoudre. Après l’assassinat d’Indira Gandhi en octobre 1984, c’est son fils Rajiv Gandhi qui prend la succession. Il donnera à la « doctrine Indira » une vision plus interventionniste en signant avec le président sri lankais Jayawardene un accord pour mettre fin au conflit entre Tamouls et Cinghalais. Entre-temps, l’Inde intervient aux Maldives pour restaurer l’autorité légitime victime d’un coup d’État, Rajiv Gandhi se rend en Chine en décembre 1988 tandis que New Delhi développe sa marine de guerre et se rapproche de la France de François Mitterrand dans le domaine de la fourniture d’uranium. Suite à la seconde défaite électorale du Congrès en 1989 c’est le Parti Janata dal qui formera une coalition regroupant à la fois communiste et nationalistes hindous avec pour ambition de tourner l’Inde vers l’Asie du Sud, mais l’alliance durera moins de deux ans avant que de nouvelles élections n’amènent à nouveau le Parti du Congrès au pouvoir en 1991.
L’effondrement de l’Union soviétique eut un impact considérable sur la politique étrangère indienne, l’alliance soviétique formant la pierre angulaire de la doctrine indienne de sécurité. Le non-alignement ne semblait plus avoir de sens et le pays se retrouva confronté à une crise financière majeure en 1991, conséquence de la première guerre du Golfe. L’Inde dépendait des fournitures de pétrole soviétique qui, par un accord triangulaire Irak-URSS-Inde, provenait d’Irak. L’envol du cours du pétrole, le rapatriement de centaines de milliers d’expatriés indiens travaillant dans cette région et la perte des transferts d’argents qu’ils opéraient laissa l’Inde dans une situation de quasi-banqueroute tandis que l’URSS exigeait désormais le paiement en devises des équipements qu’elle lui livrait. C’est ce qui décida le nouveau premier ministre, Narasimha Rao, et son ministre des finances de l’époque, Manmohan Singh, d’assouplir l’emprise de l’État sur l’économie et de débuter un programme de libéralisation économique avec l’appui du FMI. Cela entraîna l’afflux de capitaux américains et donna une nouvelle importance aux relations indo-américaines. En Asie du Sud, après avoir longtemps critiqué les régimes en place (à l’exception du Vietnam), elle lança une nouvelle politique, celle du « Regard vers l’Est » (Look East Policy ou LEP) tandis que les suites de la visite de Rajiv Gandhi à Pékin en 1988 commençaient à porter leurs fruits et qu’un timide dialogue sino-indien était engagé.
Les objectifs de la Look East Policy
La LEP avait pour objectif de tourner l’Inde vers des pays considérés comme des modèles de développement et suscitant un sentiment de proximité suffisamment fort pour pouvoir s’en inspirer sans craindre de se renier au plan culturel. L’Inde ancienne entretenait depuis le IIIe siècle avant notre ère des relations florissantes avec cette région. Aussi, cette politique se traduisit par un recentrage des relations économiques en direction des pays de l’ASEAN et du Japon. En effet, en dépit d’une proximité géographique, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est formaient à cette époque deux ensembles à part. Tandis que la Chine avait du mal à appliquer sa politique d’émergence pacifique devant la méfiance de ses voisins, en partie à cause des contentieux maritimes, l’Inde y voyait une opportunité pour sa diplomatie et son économie. La LEP a été maintenue et poursuivie malgré la période d’alternance qu’a connue l’Inde dans les années 1990. Après la défaite du Parti du Congrès en 1996 et un bref intermède du BJP[5]Vajpayee, qui sera Premier ministre de mars 1998 à mai 2004, n’a pu rassembler une coalition suffisante pour gouverner, il ne sera Premier ministre qu’une quinzaine de jours., c’est la coalition du « Front uni », qui arrive aux affaires avec comme Premier ministre, Deve Gowda. Un des objectifs de Gowda, et de son ministre des Affaires étrangères Gujral112, était de pratiquer une « politique de bon voisinage » plus appuyée pour résorber les contentieux existants entre l’Inde et ses voisins. Le gouvernement Gowda durera moins d’un an et il sera remplacé par Gujral au poste de Premier ministre, avec le soutien du Parti du Congrès. Poursuivant sa diplomatie de proximité, Gujral engage des dialogues bilatéraux en commençant par les plus petits États voisins. La « doctrine Gujral » s’oppose donc à celles pratiquées auparavant par l’Inde qui consistait surtout à imposer son point de vue à la région à cause de sa taille et privilégie une politique de compromis et de négociations favorables aux petits pays.
Son action a contribué à modifier l’image de l’Inde en Asie du Sud, comme la LEP était en train de le faire dans la région asiatique. Sur le plan intérieur, il a également proposé l’ouverture de négociations sans condition préalable à tous les groupes armés présents dans les États du nord-est en conflit avec le gouvernement central. À propos du non-alignement, Gujral dira que « c’était un mantra qu’il devait se répéter tout en se posant la question de savoir contre qui il fallait être non-aligné »[6]Ganguly Sumit, India’s foreign policy, Retrospect and Prospect, 2009. et il préparera la visite de Jiang Zemin en Inde en novembre 1996, la première d’un président chinois.
À la chute de la coalition du « Front uni » en novembre 1997, c’est le Parti du peuple hindou, le BJP, qui arriva au pouvoir avec comme Premier ministre Vajpayee. À la différence des alternances précédentes, ces élections portèrent au pouvoir des hommes qui n’avaient jamais été liés de près ou de loin au Parti du Congrès. L’apologie de la force, prouvée par la série d’essais nucléaires qui survient seulement deux mois après leur arrivée au pouvoir, repose également sur leur perception d’une « menace musulmane », incarnée à la fois par le Pakistan et par les musulmans indiens, ainsi qu’une menace chinoise ayant pour but d’encercler l’Inde. Ce sentiment est aggravé par les transferts de technologie nucléaire de Pékin à Islamabad. Pour briser cet encerclement, le BJP opère sur le tableau diplomatique, en cherchant à obtenir un siège à l’ONU, et sur le plan militaire, en développant des vecteurs stratégiques pour ses armes nucléaires. L’Inde du BJP se rapproche de l’Iran, qui lui fournit du pétrole ainsi qu’une alliance de revers contre le Pakistan, et relance la « doctrine Indira » dans l’océan Indien pour sécuriser ses voies d’approvisionnement en énergie et son commerce. Elle s’implante en Asie centrale et les relations indo-américaines se réchauffent avec la visite de Bill Clinton en mars 2000, la première d’un président américain depuis 22 ans.
Le retour au pouvoir du Congrès
Après la défaite du BJP en 2004, le nouveau premier ministre Manmohan Singh continue la politique étrangère menée par l’Inde depuis le début des années 1990. Une « doctrine Singh » peut être dégagée de son action, doctrine qui tournerait autour de deux axes principaux, premièrement le développement économique, et deuxièmement, le développement et la modernisation des capacités militaires, suivant en cela l’exemple de la Chine tout en utilisant son prestige moral pour ne pas avoir à justifier ses prétentions par un terme comme l’« émergence pacifique ». Plus l’Inde sera incontournable dans la région asiatique, plus ses positions seront renforcées lors des négociations, qu’elles soient d’ordre diplomatique ou commercial, et que ce soit avec le Sud ou le Nord. Dès lors, il semble que Manmohan Singh ait choisi de mener une politique non plus sur des principes moraux, mais une Realpolitik en entamant des discussions avec tous les pays et en mettant en avant l’intérêt de l’Inde avant la défense du Mouvement des non-alignés.
Elle pratique aujourd’hui, comme la RPC, un Soft Power basé sur sa culture, principalement l’héritage bouddhiste et hindouiste, et ses idéaux politiques. La restauration de l’université bouddhiste de Nalanda dans l’État du Bihar en est un exemple. Ce patrimoine bouddhique a servi de soubassement culturel à la conception de projets régionaux tels que le BIMSTEC et le programme de coopération Gange-Mékong. L’Inde a aussi joué sur ses valeurs politiques libérales pour cultiver des affinités avec les autres grands pôles démocratiques de l’Asie- Pacifique, États-Unis, Australie et Japon. Sans oublier son cinéma qui est diffusé sur toute la planète et sa diaspora qu’elle utilise depuis les années 1990 pour tisser des liens économiques ou diplomatiques avec les pays où elle est présente. Si l’Inde reste très intransigeante en matière de non-ingérence, refusant toute internationalisation de ses problèmes, elle manifeste une volonté plus affirmée de s’insérer dans le jeu international.
Données de 2012, mise à jour en cours.
Références[+]
↑1 | Jaffrelot Christophe (Dir.), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, Paris, Fayard, 1997, p. 135. |
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↑2 | Jaffrelot Christophe (Dir.), New Delhi et le monde. Une puissance émergente entre realpolitik et soft power, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 9. |
↑3 | Racine Jean-Luc, L’Inde et l’ordre du monde, Hérodote, 2003. |
↑4 | Mohammad-Arif Aminah, L’Inde et sa puissance, 2002. |
↑5 | Vajpayee, qui sera Premier ministre de mars 1998 à mai 2004, n’a pu rassembler une coalition suffisante pour gouverner, il ne sera Premier ministre qu’une quinzaine de jours. |
↑6 | Ganguly Sumit, India’s foreign policy, Retrospect and Prospect, 2009. |